Rapport d’audit de la Cour des Comptes : de grâce epargnez- nous des enfantillages coupables(Khadim NDIAYE CEE)

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La publication du rapport de la Cour des Comptes sur la situation des finances publiques pendant la gestion allant de l’année 2019 au 31 mars 2024,a suscité beaucoup de réactions de la part des sénégalais.
Si la grande majorité des citoyens se sont indignés des conclusions de l’audit, d’autres, une infime minorité tentent désespérément de convaincre l’opinion par des explications pueriles, extravagantes qui ne demandent, toutefois ,aucune énergie pour les demonter.

D’abord, sur la forme, il faut se rendre à l’évidence que l’absence de signatures dans la version électronique( à distinguer de la version physique transmise à qui de droit) , n’enlève en rien l’authenticité du rapport qui se trouve être le seul document de même nature publié dans le site officiel de l’organe de contrôle. Et à l’etat actuel du droit positif sénégalais, aucun manquement légal ne serait attaché à l’absence de signature sur un document électronique.
Ensuite, sur les soupçons de rétractation de la Cour relativement à ses conclusions contenues dans les rapports d’exécution des lois de finances de 2019 à 2022 , il me plaît de relever que les rapports en question ne sont pas comparables car n’ayant, ni le même objet, ni le même périmètre de vérification. En effet,comme son nom l’indique ,le rapport d’exécution de la loi de finances est un document dans le quel la Cour consigne les observations, les réserves ,les recommandations ainsi que les conclusions se rapportant uniquement à l’exécution du budget en rapport avec la loi de finances voteé par le Parlement. Par contre,dans ce présent rapport d’audit, la Cour procède à une vérification de toutes les opérations financières et comptables de l’Etat afin d’évaluer leur conformité au rapport du gouvernement sur la période considérée.Il s’agit en réalité d’un audit financier sur l’utilisation des derniers publics.sous un autre angle, l’argument sur le revirement de la Cour ne saurait convaincre,pour au moins deux raisons:

  • les réserves contenues dans les rapports d’exécution des lois de finances cités sont exactement les mêmes que celles relevées dans ce rapport d’audit ( les réserves concernant le système de contrôle interne en sont une preuve éloquente) ;
  • l’evaluation du ratio de la dette rapporté au PIB soit presque 100%, a tenu compte des opérations jusqu’ici invisibles dans les lois de finances ,donc hors champs de contrôle de la Cour au moment de l’élaboration de leurs rapports d’execution , car ayant été exécutées sans autorisation du Parlement. Je n’en veux pour preuve que les emprunts estimés à des milliards sur la période considérée et qui n’ont jamais figuré dans aucune des lois de finances correspondantes,mais que l’Inspection générale des Finances a décelé et transmis à la Cour,tout le contraire du rapport d’exécution bugetaire qui ne peut saisir que des opérations traçables dans la loi de finances.
    Enfin, malgré toutes ces critiques d’ailleurs infondées sur la forme et la position de la Cour par rapport à ses propres rapports, cette minorité se met curieusement à discuter du fond du document au point d’en relever des constatations « dites conformes à la réalité « .
    Alors la question élémentaire qu’aurait posée toute personne réfléchie est de savoir comment peut- on rejeter l’authenticité d’un document et se mettre à discuter du bien -fondé ou non de son contenu ?ce comportement ambiguë n’est en réalité que l’expression d’un aveux de culpabilité assorti d’une tentative de brouillage afin de semer le doute dans l’esprit des sénégalais déjà convaincus par les conclusions alarmantes de la Cour des Comptes sur la situation des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024 .

Khadim NDIAYE, Commissaire aux Enquêtes économiques principal.

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