Crise migratoire en Mauritanie : des centaines de Sénégalais refoulés dans des conditions inhumaines

Nouakchott – Depuis plusieurs jours, les autorités mauritaniennes ont lancé une vaste opération de refoulement des étrangers en situation irrégulière, incluant de nombreux ressortissants sénégalais. Cette expulsion massive, menée sans préavis et dans des conditions extrêmement difficiles, suscite l’inquiétude et l’indignation. Pourtant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des autorités diplomatiques et étatiques du Sénégal.

Une expulsion brutale et systématique

L’opération de refoulement s’intensifie à travers plusieurs villes mauritaniennes, notamment Nouakchott et Nouadhibou, où la présence de la communauté sénégalaise est significative. Les forces de l’ordre procèdent à des arrestations massives, forçant les personnes interpellées à quitter le territoire national sans leur permettre de récupérer leurs biens ou de régulariser leur situation administrative.

Ce refoulement s’effectue dans des conditions particulièrement précaires : absence d’information préalable, confiscation des documents de certains individus, séparation des familles et transport des personnes expulsées vers les zones frontalières dans des véhicules surchargés. Plusieurs Sénégalais, établis en Mauritanie depuis des années, se retrouvent ainsi dépossédés de tout du jour au lendemain.

Au-delà de l’impact humain, ces expulsions brutales ont des conséquences économiques majeures. La communauté sénégalaise, très active dans les secteurs du commerce, du transport et des services, voit ses activités anéanties du jour au lendemain. Des commerces sont abandonnés, des investissements perdus, et une partie importante du tissu économique local est désorganisée.

L’inaction des autorités sénégalaises face à une crise humanitaire

Malgré l’ampleur de la situation, aucune mesure concrète n’a été prise par l’ambassade du Sénégal en Mauritanie ni par le ministère des Affaires étrangères. L’absence d’une réponse diplomatique ferme expose davantage les Sénégalais établis en Mauritanie, qui se retrouvent sans protection face à ces mesures radicales.

Le mutisme du gouvernement sénégalais est d’autant plus préoccupant que les relations entre les deux pays sont historiquement marquées par des tensions migratoires. Ces expulsions massives rappellent des épisodes passés de refoulements forcés, ayant déjà provoqué des crises humanitaires et diplomatiques. L’inaction actuelle pourrait non seulement aggraver la précarité des personnes touchées mais aussi fragiliser les relations entre Dakar et Nouakchott.

Un appel urgent à l’intervention de l’État sénégalais

Face à cette crise, plusieurs mesures doivent être prises en urgence :

1. Une intervention diplomatique immédiate pour exiger des explications auprès des autorités mauritaniennes et négocier des conditions d’expulsion plus humaines, respectant les droits des personnes concernées.
2. Une assistance consulaire renforcée pour recenser les Sénégalais touchés, faciliter leur rapatriement et leur permettre de récupérer leurs biens et documents.
3. Un soutien aux expulsés via une prise en charge à la frontière, incluant une aide matérielle, psychologique et économique pour éviter qu’ils ne sombrent dans une situation d’extrême précarité.
4. Une sensibilisation de la communauté internationale afin de dénoncer ces pratiques et d’exercer une pression diplomatique sur les autorités mauritaniennes.

Le Sénégal ne peut rester passif face à cette situation qui affecte la dignité et les droits de ses citoyens. Il est impératif que l’État assume pleinement son rôle de protecteur de ses ressortissants à l’étranger et prenne les mesures nécessaires pour éviter une crise humanitaire plus grave.

Cheikh Diop ASCODEL