Lettre ouverte au Président Bassirou Diomaye Faye sur le rejet de la  » Si injuste rejet de la loi interprétative de la loi d´amnistie «Â

Monsieur le Président de la République,
Le 2 avril 2025, alors même que la nation se préparait à célébrer le 65ème anniversaire de la proclamation de son indépendance, le parlement votait une loi controversée, dite
interprétative de la loi d’amnistie qui, pourtant, a ramené le calme dans notre pays, en mars
2024.
Cet apaisement a permis, non seulement votre arrivée à la tête de la magistrature suprême
de notre pays mais, surtout, votre prise de fonction harmonieuse et sans heurts.
Monsieur le Président de la République, qui est le maître de l’horloge républicaine dans notre pays, vous le gardien de la constitution ou une force invisible pour le commun des mortels ? Car, le vote de cette loi avait divisé le pays, de façon inopportune, créé un sentiment d’injustice et provoqué une rupture d’égalité des citoyens devant la loi.
Monsieur le Président, la majoritéparlementaire dispose de pouvoirs importants pour voter les lois, mais, pour autant, peut-elle se permettre de légaliser une justice des vainqueurs ?
Soustraire des citoyens de l’emprise de dame justice au détriment d’autres, tous impliqués
dans les mêmes faits, n’est ni plus ni moins que faire triompher la loi de Talion. Est-ce donc cela votre nouvelle doctrine politique ?
La justice joue plus facilement son rôle si elle est acceptée comme un arbitre impartial et non un processus discriminatoire.
Or, la loi interprétative de la loi d’amnistie était une loi ségrégationniste qui ouvrait la boîte Ã
pandore : les vainqueurs de demain voteront une autre loi interprétative pour poursuivre ceux et celles qui seront épargnées par cette loi partiale que votre régime vient de voter.
Est-ce un tel destin, fait d’éternels recommencements dont vous rêvez Monsieur le Président de la République pour l’avenir de nos enfants ?
Heureusement, que les sages du conseil constitutionnel ont joué leur partition et vous ont épargné le difficile exercice de promulgation d’une loi injuste et inéquitable.
Depuis votre installation au palais de la République, le peuple sénégalais constate que vous refusez d’exercer pleinement les responsabilités qui vous incombent
Vous vous contentez, Excellence, Monsieur le Président de la République, d’être une caisse de résonance de votre gouvernement ou de votre parti politique et, bientôt de vos députés
Est-ce bien pour cela que vous avez été élu par 54% des électeurs de notre pays ?
Ce laisser aller général qui fait que :
- des membres de votre gouvernement ou des directeurs généraux que vous avez nommés vous tutoient,
- chacune de vos sorties officielles est viciée par des actions de votre propre camp, comme si on voulait vous dévaloriser,
- c’est devenu compliqué de savoir où se trouve le pouvoir dans notre pays.
Oui, ce charivari institutionnel impacte sur la cohésion sociale et sur l’attractivité de notre
pays pour les investisseurs tant nationaux qu’internationaux.
C’est pour tout cela, Excellence, que la coalition FAGARU, les Sentinelles de la République en appelle à votre sens élevé des responsabilités et à votre patriotisme certain pour vous
demander de : - calmer les membres de votre gouvernement qui attisent les feux de la division et de la fracture sociale.
Ce faisant, vous épargnerez à notre pays d’autres scènes de violences, de morts, de blessés ou de prisonniers innocents du fait du réveil de blessures graves, à peine cicatrisées. - de convoquer des concertations nationales politiques pour trouver des moyens pacifiques de règlement des excès commis, de part et d’autres, durant les terribles événements ayant lieu entre 2021 et 2024 dans notre pays.
- de veiller, avec plus de fermeté sur l’harmonisation du calendrier républicain en conformité avec le régime présidentiel qui est aujourd’hui celui de notre pays et à défaut d’en proposer un plus conforme à vos vues et pouvant mettre un terme à la cacophonie et à l’incertitude institutionnelles constatées.
En vous disant notre conviction que notre pays a besoin de paix et de calme, impossible dans une situation de guerilla permanent, veuillez, Excellence, recevoir nos salutations les plus sincères.
La Coalition FAGARU/les Sentinelles de la République
Dakar, le 25 avril 2025