Quand les boussoles du système multilatéral sont dérèglementées, vaut mieux prendre ses responsabilités pour mener à bon port son peuple.(Khadim NDIAYE CEE)

L’appartenance à des ensembles régionaux et sous- régionaux et même du système multilatéral ne prive pas
les Etats membres de nouer avec des pays tiers ,des relations bilatérales de cooperation, de partenariat,dans des domaines ou secteurs de leurs choix. L’OMC, la CEDEAO et l’UEMOA auquelles le Sénégal est membre,prévoient la possibilité d’accords bilatéraux entre les Etats membres et ceux n’appartenant pas à leurs organisations.
Cela est d’autant plus vrai, qu’aujourd’hui, c’est tout le système multilatéral et ses pendants au niveau régional et sous-régional, qui connaîssent un déréglement ou un dysfonctionnement à tous les niveaux.
Je n’en veux pour preuve que :
-l’attitude des USA et la Chine qui se mènent une guerre commerciale sans précédent au grand mépris des principes,regles et mécanismes de l’OMC, parce qu’effectivement, ils mettent en avant, non pas, l’intérêt commun de l’humanité, mais leurs intérêts nationaux ;
-le comportement de certains membres de l’ONU surtout parmi ceux du Conseil de sécurité ou des membres permanents, qui se mettent à signer des accords bilatéraux surtout dans le domaine scientifique et militaire avec les pays faisant l’objet de sanctions ou d’embargo en raison de prise de pouvoir non démocratique ;
- les relations politiques ambiguës entre l’UE et Isreal marquées par le maintien et même le renforcement des liens ou accords dans le secteur des marchés publics, agricoles et scientifiques( y compris les aspects sécuritaires), qui occupent une part importante dans le volume des échanges extérieurs de l’UE ,malgré le fait que les déclarations du Conseil européen sont généralement caractérisées de « pro – palestiniennes »,même si, on tente d’expliquer ce paradoxe par des raisons historiques, idéologiques , géographiques et géopolitiques;
- au plan régional, sous- régional et multilatéral, la lutte contre le terrorisme oblige les Etats à conclure des accords de cooperation bilatérale dans le domaine militaire par exemple ( partage de connaissance,maitrise du renseignement ou encore renforcement des équipements de lutte et de riposte).
En définitive, il y’a lieu de se rendre à l’évidence ,que lorsqu’il s’agit de défendre ou de protéger leurs intérêts, les Etats surtout les plus riches n’hésitent pas à fouler aux pieds les principes,règles et mécanismes contenus dans des accords multilatéraux qui’ils ont élaborés ,signés et ratifiés, créant ainsi une déréglementation du système, au détriment surtout des pays africains dont le manque d’audace et de solidarité, aggrave leurs positions de faiblesse et de vulnérabilite.
Ainsi,dans un tel contexte, en lieu et place d’un conformisme aveugle et souvent contraire aux intérêts et aspirations des peuples les moins nantis, seuls les Etats responsables et audacieux comme le Sénégal peuvent tirer leur épingle du jeu.
Par conséquent,laissons le nouveau régime, seul détenteur de la confiance du peuple souverain , mettre en oeuvre sa politique diplomatique qui se veut pragmatique, responsable, souverainiste et donc exempte de tout reproche y compris le déplacement et les péripéties qui ont entouré la visite du Premier ministre Ousmane SONKO au Burkina FASO qui intervient dans un contexte sous- régional marqué par des menaces terrroristes ,en dehors de la nécessité de renforcer les liens de coopération multisectorielles entre ces deux pays que beaucoup de facteurs lient.
Khadim NDIAYE, Commissaire aux Enquêtes économiques principal, PASTEF Touba.