L’intellectuel : entre postures, sutures, coutures et blessures ( Par Félix Mboup)

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Difficile de revendiquer son statut d’intellectuel sous nos tropiques ! De façon désintéressée et dans un ascetisme on ne peut plus excessif, l’intellectuel prend position, émet des opinions , et souhaite contribuer à la marche de son pays. Mais, il se voit dévorer par  » la machine infernale  » des ignorants, incultes et néo-populistes qui tirent sur tout ce qui bouge.
Finalement, il devient timoré voire paranoïaque et tente de choisir la voie du désinvestissement et de trahir le serment de Voltaire. L’intellectuel peut tolérer les assauts anodins, dignes d’un histrion mais quand il constate dans son parcours que des gens qui se devaient de le soutenir le pilonnent, le déchiquètent comme le font les molosses des lièvres, il devient plus sidéré et déstabilisé au point de sombrer dans la dépression voire la folie qui peut deboucher sur l’acte horrible d’ Althusser. Dans une société malade, l’intellectuel est le plus malade qui soit, le plus maudit de tous ces bannis que connut l’humanité. Vivre seul, penser seul et librement, inquiéter, pour parler comme Gide, tel est, me semble-t-il le rôle de l’intellectuel. Il joue ce rôle difficilement, sa pirogue tangue sur les eaux glauques et boueuses , mais il continue son oeuvre sisyphienne, s’accroche à la moindre bouée de sauvetage afin de parvenir aux rivages de la raison et de la lumière.
De ce sort misérable qu’on lui impose, je retiens que toutes les sociétés qui se sont installées dans le chaos ont ignoré, lapidé et lacéré la chair de leurs intellectuels qui, dès le premier cri de leur existence, ont dit, chacun dans son for intérieur :« Je me dévoue à la cause de mon peuple même si celui-ci me rejette, bannisse et blesse. »

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