RDC : le Sénat se penche sur le sort de Joseph Kabila

L’ancien président congolais Joseph Kabila pourrait faire l’objet d’une poursuite judiciaire. Le Sénat congolais doit examiner ce jeudi 15 mai le réquisitoire de l’auditeur général des Forces Armées aux fins d’obtenir la levée de l’immunité de Joseph Kabila actuellement Sénateur à vie et peut-être enclencher le processus d’autorisation des poursuites à son encontre.
L’information en avril dernier au sujet d’un voyage en RDC que devait effectuer l’ancien chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila en passant par l’est du pays, ne cesse de secouer l’espace politique congolais.
Le pouvoir à Kinshasa était parti de cette information, difficile à vérifier, pour lancer une série de mesures contre Kabila et son parti, le PPRD. Pour Kinshasa cette annonce signifie un ralliement de l’ancien président à l’AFC/M23, hostile au pouvoir de Félix Tshisekedi. Joseph Kabila est ainsi accusé de participation à un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et trahison.
L’opposition vent debout contre « l’injustice »
Mais le parti de Joseph Kabila, le PPRD, qui est officiellement suspendu depuis avril dernier, estime que les décisions du gouvernement de Kinshasa, violent la procédure normale de poursuite judiciaire.

Pour certains analystes, une condamnation en justice de l’ancien chef d’Etat congolais est susceptible de diviser un pays déjà en guerre. La RDC est actuellement dans un processus pour ramener la paix dans l’est. En mars, Joseph Kabila a déjà fait une déclaration rejettant l’accusation d’être de connivence avec le M23. Pour Alphonse Maindo, professeur de sciences politiques à l’université de Kisangani, la justice congolaise devrait s’armer de preuves tangibles pour le cas de Joseph Kabil
« Il faut regarder plutôt les actes que les gens posent. A-t-il adhéré à la rébellion ? A-t-il pris les armes et a-t-il pris une responsabilité dans cette rébellion ? Si cela est vrai, alors on peut le poursuivre. On peut prendre des sanctions contre lui et faire une justice qui soit équitable, mais pas simplement pour le fait que quelqu’un a dit qu’il irait à l’est du pays et qu’on décide de faire ça ».
Kinshasa se base sur la Constitution pour dire que les anciens chefs de l’Etat doivent faire preuve de réserve et de patriotisme, notamment. Mais l’opposition congolaise rappelle que c’est la même Constitution qui donne le statut de sénateur à vie, un statut qui « ne peut être remis en cause pour des considérations politiques ou judiciaires ».
Auteur: Etienne Gatanazi